En 2012, j'exposé mes peintures au CDI du Lycée Pavie. Cette exposition présente quatorze toiles sur le thème de l’eau.. Cinq toiles sont inspirées des carrières de Kérity et les neuf autres de la fête du chant de marin à Paimpol.
Les toiles de Kérity sont dans la continuité de mon travail consacrée à la géologie. Les paysages qui nous sont familiers ne sont pas arrivés là par hasard. Ils sont nés des turbulences passées et poursuivent leur métamorphose. Bien entendu, la peinture n’a pas ici pour objet d’illustrer ou encore d’expliquer des phénomènes géologiques. Plus humblement, il s’agit d’une évocation qui mobilise davantage l’imaginaire que la méthode scientifique. La peinture révèle notre manière intime d’appréhender la nature. Ce monde de formes et de couleurs qui chaque jour se transforme au gré des manifestations de la lumière. Un monde minéral qui raconte l’histoire de la terre mais aussi celle de la vie. Les premiers lichens n’apparaissent-ils pas quand la terre apaise ses tourments ? Et chaque matin naît un autre monde. Un univers qui garde en mémoire les images de la veille. Alors pour un peintre quoi de plus naturel que de vouloir assister à la naissance de ce monde, de collecter la mémoire de l’eau, de chercher à se rapprocher au plus près du lieu de l’origine….
Alors, c’est l’histoire de cette carrière avec son passé industriel pour extraire, de ses flancs, la pierre. Une pierre qui a balisé les chemins et construit les maisons. Une pierre venue du chaos et arrachée à la terre par des tirs de mine. Mais aussi un vrai lieu de vie. Une vie de dur labeur pour le carrier un brin nostalgique. Car la carrière depuis longtemps s’est refermée. Et la nature a repris sa route là où elle s’était arrêtée. Le monde ici s’est apaisé. L’eau a trouvé refuge en contrebas du front de taille. Un petit étang plein de vie reflète la lumière. Après l’enfer, c’est ici que le carrier à trouvé le paradis.
A plusieurs moments de la journée et par tous temps j’ai photographié au numérique les reflets de la carrière dans l’eau. J’ai retravaillé les images à l’ordinateur afin d’obtenir des modèles qui serviront de point de départ, de prétexte à la peinture. La technique et l’imagination feront le reste.
En ce début de XXIème s’opère un rapprochement nouveau entre l’Art et la Science, deux voies aujourd’hui réconciliées pour appréhender le monde dans sa diversité. Le numérique a permis d’explorer de nouveaux univers. Les impressionnistes en leur temps avaient utilisé la photographie pour comprendre les mouvements d’un cheval au galop. Aujourd’hui le numérique permet de révéler ce qui se cache derrière les manifestations de la lumière quelle qu’en soit l’intensité.
C’est alors que j’ai photographié les reflets dans l’eau à la fête du chant de marin de Paimpol. Comme à la carrière, j’ai isolé des morceaux de paysages et révélé les lumières cachées dans la transparence de l’eau. Et ici, j’ ai vu les couleurs du port dans toute leur profondeur ainsi que ces dessins merveilleux furtivement gravés par les voiles, les mâts et les cordages. C’est ainsi que sont nées ces neuf toiles présentées à l’exposition.
Michel LE PEUC'H